Ginkgo University : Participative et solidaire

Education pour tous : une université participative et solidaire entre étudiants, professeurs et experts francophones

Le contexte

L’Afrique est un continent dynamique, extrêmement jeune, animé de grands espoirs et désireux d’apprendre et d’entreprendre. Malheureusement, ces élans de développement et de progrès sont hypothéqués par des freins multiples sur lesquels nous ne reviendrons pas en détail :

  • Une préemption des richesses par une minorité et l’étranger
  • Un manque d’investissement des gouvernements dans l’éducation des jeunes
  • Un désintérêt de ces mêmes gouvernements pour le développement économique local
  • Le manque de confiance des africains les uns vis-à-vis des autres
  • Le manque de cohésion national, c’est-à-dire le sentiment d’une appartenance à une communauté ethnique plus qu’à un état-nation

Nous pouvons simplifier cette liste en la limitant à la faiblesse des budgets d’état dans la quasi-totalité des pays du continent.

Constat après deux ans dans une université

Les expériences des membres de notre équipe dans l’enseignement dans les pays d’Afrique nous ont permis de constater que les élèves et étudiants étaient très handicapés par :

  • Un manque cruel de moyens (des classes non équipés, absence de bibliothèques, des accès à Internet quasi  inexistants, limités ou trop chers)
  • un accès à la connaissance difficile et coûteux pour une grande majorité de la population, même si l’accès à Internet se démocratise de plus en plus.
  • Des enseignants soumis aux mêmes difficultés et donc aux compétences vieillissantes, souvent pas payés et donc peu enclins à soutenir leurs élèves
  • Des abonnements à des bibliothèques numériques et plateformes d’e-learning inabordables pour bénéficier de tutorats et de certifications.

En un mot, étudiants et professeurs ne peuvent compter souvent que sur eux-mêmes pour se former, sans aucune certitude que ce qu’ils apprennent est juste, et surtout, actualisé. La situation étant encore pire dans les écoles primaires et secondaires, ils manquent le plus souvent des bases méthodologiques pour aborder les cursus supérieurs avec un réel profit.

Les plateformes d’apprentissage

Les étudiants sont donc condamnés soit à se contenter des cours de leurs professeurs, soit d’essayer tant bien que mal de s’inscrire sur des plateformes d’enseignement à distance, telles que OpenClassRooms, Coursera, Khan Academy, etc.

Les cours y sont de qualité, actualisés régulièrement, mais ces plateformes ne sont gratuites que si l’on accepte de travailler seuls et parfois en un temps déterminé.

Travailler seul est difficile pour tout le monde. Nous avons besoin d’explications pour bien comprendre certains concepts, de mise en situation pour comprendre comment utiliser nos nouvelles connaissances et compétences, d’exercices autres que de simples QCM pour évaluer réellement nos acquis.

Les étudiants d’aujourd’hui développent de nouvelles compétences, aptitudes et habiletés, mais les règles du jeu des études n’ont toujours pas évoluées en conséquence et demandent des capacités qui n’ont pas été développées au collège et au lycée :

  • une certaine méthodologie d’apprentissage : comment je fais pour apprendre et vérifier que j’ai compris et que je sais
  • un esprit critique : ne pas tout accepter comme argent comptant, et savoir se faire une opinion personnelle après avoir confronté divers points de vue
  • le sens du discernement : savoir discerner ce qui est crédible de ce qui ne l’est pas, bien que la crise sanitaire actuelle nous a montré clairement que nos critères de notoriété devaient être sérieusement revisités.
  • une méthodologie de recherche : savoir poser un problème et mettre en place une stratégie de résolution, retenir ce qui est utile à sa résolution et rejeter ce qui est superflu
  • et la maîtrise du français : force est de constater que les langues évoluent beaucoup plus rapidement, de nos jours, que les grammaire et les règles institutionnelles de leurs usages. Dans les pays francophones hors Europe, les langues nationales et locales ne sont pas encore reconnues dans les écoles et universités de la sous-région, les langues africaines, parlées à la maison,  ont une structure très éloignée de nos langues européennes, et les français locaux sont empreints d’expressions régionales. Ce qui rend la tâche d’écriture des mémoires d’autant plus compliquée.

Au-delà des connaissances qu’ils doivent acquérir, les étudiants ont surtout besoin d’un vrai tutorat, intelligent, qui les aident à se trouver, à se construire leurs savoirs et leurs compétences, à comprendre la logique cartésienne et la méthodologie de recherche, qu’on leur demande d’adopter. Si les vingt Euros par mois d’un abonnement Premium à OpenClassRooms, pour bénéficier d’un tuteur, est tout à fait abordable pour un étudiant en France, (encore que la crise de 2020-2021 a mis en avant leur précarité et fragilité), cela devient très compliqué pour un étudiant en Afrique, surtout quand il faut ajouter soixante ou quatre-vingts euros par certificat.

La solution que nous vous proposons

C’est pour cela que nous proposons une autre démarche, que l’un de nos collaborateurs (Jean-Paul), qui a exercé entre autre en France et dans une université privée béninoise a déjà expérimentée. Elle s’inspire très librement des travaux de Michel Authier et Pierre Levy, exposés dans leur livre Les arbres de connaissances (Michel Authier, 1999).

L’idée simple consiste à casser les représentations trop binaires que nous nous faisons des communautés, où dirigeant rime avec sachant et travailleur avec apprenant.

Une communauté est une entité à part entière avec ses savoirs, ses compétences, ses besoins, ses évolutions. Chaque membre de la communauté possède lui-même ses savoirs, ses compétences, ses besoins et ses évolutions, qu’il doit partager avec les autres membres. A ce titre, il peut devenir « l’enseignant », celui qui sait, et transmettre son trésor, quels que soient son statut social, son métier.

Sur ce principe, nous sommes en train de construire une nouvelle université, que nous avons baptisée Gingko université (Ginkgo étant le nom du logiciel mis au point par Authier et Levy pour représenter les compétences et savoirs d’une communauté).

  • Notre université sera 100% en ligne, en tout état de cause dans les premières années : elle n’a pas pour vocation de se substituer aux universités publiques et privées
  • Elle débute ses activités par :
    • la mise en ligne de ressources pédagogiques libres de droits ou créées par les membres
    • la mise en place de cursus pouvant faire appel à des ressources extérieures, ayant pour objectif d’encadrer les apprentissages des étudiants
    • des forums et des chats
    • des visioconférences pour répondre à des questions spécifiques
    • des classes virtuelles organisées pour répondre aux questions des abonnées.
  • Elle réalisera des outils multimédia d’apprentissage au fur et à mesure et en fonction des compétences des abonnés, et prioritairement sur des thèmes ou des spécificités non abordés sur les plateformes de formation proposant un service gratuit. Ces outils pourront prendre la forme de toutes les activités proposées en général, sur des LMS tels que Moodle, c’est-à-dire des cours interactifs, des questionnaires, des livres numériques, vidéos, livres audios, etc.
  • Elle guide les abonnés vers des parcours de formation existants sur des plateformes d’e-learning proposant un service gratuit, et un accompagnement par les groupes de notre université.
  • Les abonnés peuvent organiser des classes virtuelles, des classes de soutien, des ateliers projets, etc.
  • Les abonnés participent à l’organisation de l’université et nomment des responsables académiques par section, et des experts responsables de la qualité des contenus créés pour l’université et de la préconisation des sites partenaires.

Notre directeur de projet, formateur, responsable de formation et expert en E-learning depuis plus de trente ans a déjà mis en place des organisations de ce type avec des apprentis-ingénieurs, et s’est appuyé sur les classes de soutien que les étudiants de l’université béninoise où il a exercé, organisent régulièrement et spontanément pour pallier aux différentes lacunes que nous pouvons constater dans nos systèmes éducatifs. Il connait parfaitement les difficultés et les écueils rencontrés par les apprenants dans les dispositifs de FOAD, et c’est pour cela que nous n’avons pas la prétention de nous substituer au système en place, mais d’apporter une aide complémentaire à des jeunes étudiants volontaires et désireux d’aller plus loin.

L’organisation de l’université se rapproche de celle des coopératives, et tout abonné participe à l’élaboration des règlements et fonctionnements de l’institution, dont le financement se fera sur les bases du volontariat, du bénévolat, et de la recherche de mécènes et subventions pour la création d’outils additionnels.

En conclusion

Rappelons-nous le grand élan solidaire qui a prévalu à la création de l’Internet, dont le but avoué était de créer une vaste communauté internationale de savoirs et compétences.

Notre université a pour ambition de proposer une aide aux apprentissages, en facilitant la recherche de ressources fiables, d’experts bénévoles et en favorisant les échanges entre personnes mues par une même volonté de faire évoluer nos sociétés.

Si vous désirez participez à ce projet, envoyez-nous un email à jphorn@eppis.fr

Nous recherchons :

  • un expert Moodle pour nous aider à mettre en place tous les outils nécessaires à notre université
  • des cours et ressources à mettre en ligne
  • des bénévoles pour assurer la modération de forums
  • des experts prêts à répondre aux questions des étudiants.

Démarrage de l’université : début 2022

Références

Michel Authier, P. L. (1999). Les arbres de connaissance. PARIS, FRANCE: La Découverte.